QUI BLOQUE ET
DÉBLOQUE LES MILLIARDS
QUI NOUS
MANQUENT ?
Un
système compliqué et ingouvernable qu'il est urgent de réformer ...
Résumé
: L'économie a besoin de monnaie mais la quantité de monnaie
( M1 ) varie comme le montant des crédits en cours et des titres
monétisés, c'est à dire au gré de l'appétit des banques commerciales et
des emprunteurs. Il en résulte que le système monétaire, très complexe
car chargé d'histoire et soumis à la pression d'intérêts considérables,
s'avère pratiquement ingouvernable par la Banque Centrale Européenne.
Il est urgent que la société en prenne conscience et redéfinisse le
pouvoir monétaire dont elle a besoin.
J.J.
Le 5 avril 2004
PLAN
(
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Le décor
Qu'est-ce que la monnaie ?
La
masse monétaire M1
Les variations de M1
La création monétaire par
crédit
Les
notions de base
Les autres créations
monétaires
La
création directe
Les achats de devises
Les achats de titres
négociables
Le système monétaire
Sa
structure
Son fonctionnement
Son pilotage
Les limites du système
La
compréhension de ses défauts
Peut-on reprendre les
commandes ?
Que retenir ?
LISTE
DES FIGURES
Rappel : il est
possible de télécharger ce texte au format .Pdf et de l'imprimer pour
l'étudier. Voir la page « De quoi
s'agit-il ? » depuis
la page d'accueil.
Le
décor.
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Plan
Il existe une connaissance commune et
intuitive de l'argent . De l'argent , il en faut ; on apprécierait d
'en avoir un peu plus . On ne le trouve pas sous le fer d'un cheval :
il rémunère le travail et le capital . Certains s'en procurent par des
moyens frauduleux . Les uns en disposent sans limite visible ; d'autres
seraient si heureux d'en avoir un peu . Il est omniprésent : du
porte-monnaie de chacun, au budget de l'Etat, en passant par celui des
entreprises et par les cartes bancaires. Bienheureux ceux qui ont
l'argent qu'il leur faut !
Des utilisateurs plus avertis savent
distinguer les comptes courants et la monnaie en pièces ou billets ,
les comptes d'épargne , les SICAV (Société d’Investissement à Capital
Variable), les OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs
Monétaires), les actions et les obligations , les CODEVI ( Compte pour
le Développement Industriel)... De moins en moins nombreux sont ceux
qui ignorent tout de l'activité boursière .
Mais combien savent que l'argent - au
sens de la richesse - et la monnaie , ce n'est pas tout à fait la même
chose . Si j'achète une obligation , je le fais en cédant de la monnaie
. La monnaie , c'est ce qui permet d'échanger des biens matériels ou
financiers : quand ceux-ci se déplacent dans un sens, celle-là se meut
dans le sens contraire. La quantité de monnaie disponible et le
fonctionnement du système monétaire d'un pays sont des paramètres
essentiels pour l'économie de ce pays . Combien savent qu'aujourd'hui
le pays doit payer toute sa monnaie et qu'il n'en fut pas toujours
ainsi dans le passé , y compris il y a quelques dizaines d'années . A
qui l'achetons-nous ? A qui la payons-nous ? Qui la possède et peut
nous la vendre ? Bizarrement , personne . Personne ne la possède . Elle
ne préexiste nulle part : les banques de dépôts la créent et la
détruisent en permanence . Les crédits accordés sont créateurs de
monnaie ; les crédits venant à échéance destructeurs de monnaie. Et
collectivement , nous payons les intérêts dus au titre de ces crédits .
Pourquoi faudrait-il s'en plaindre si
le système fonctionne ?
Il fonctionne en effet mais
fonctionne-t-il au mieux ? Pour prêter encore faut-il que les banques
trouvent des emprunteurs . Quand tout va mal et qu'il faudrait soutenir
l'activité , point ou peu d'emprunteurs : la quantité de monnaie
diminue automatiquement . Quand tout va mieux et qu'il serait prudent
de calmer le jeu , pléthore d'emprunteurs que les banquiers ont tout
intérêt - le mot est ici très juste - à satisfaire . Le système
monétaire non seulement est onéreux mais plus encore il réagit à contre
temps et s'avère ingouvernable par l'Etat si ce n'est en alourdissant
encore plus la dette publique . Nous sommes en plein cercle vicieux .
Pour en sortir, le politique doit retrouver du pouvoir monétaire .
Cercle vicieux ? Oui, vicieux et
opaque parce que compliqué. Tellement compliqué que les média ne
l'abordent guère et que la littérature spécialisée en France reste
limitée . Un ouvrage de base comme "Mécanismes et politique monétaires"
de André Chaîneau publié pour la douzième fois en février 2000 aux
P.U.F. l'avait été la première fois en 1968 ! Les textes plus novateurs
comme " La monnaie dévoilée " de Gabriel Galand et Alain Grandjean (
L'Harmattan , 1996 ) ne font pas les succès de librairie , même auprès
de ceux qui professionnellement seraient fondés à les lire . Le lecteur
doit savoir que sans un effort important il ne rentrera pas dans les
arcanes du sujet. Il ne lui resterait qu'à nous croire sur paroles . Ce
n'est pas ce que nous lui demandons.
Il n'est pas simple de saisir que
toute richesse n'est pas monnaie : un compte courant est monnaie ; un
compte d'épargne n'en est pas, ni un portefeuille de titres. Pas
évident de réaliser que ce n'est pas l'Etat qui émet la monnaie , sauf
pour une toute petite fraction ( la monnaie métallique ) ; ce sont les
banques de dépôts qui émettent l'essentiel de la monnaie à l'occasion
des crédits qu'elles accordent et des titres qu'elles achètent.
Difficile de comprendre exactement le rôle de l'organisme appelé banque
centrale ( hier la Banque de France , aujourd'hui la Banque Centrale
Européenne ,) organisme censé réguler l'ensemble du système. Etonnant
d'apprendre que , conséquence de tout cela, chaque euro qui circule
donne lieu à perception d'intérêt. Certes , les billets reçus lors
d'une vente ou en échange d'un service ne donneront pas directement
lieu à paiement d'intérêt par celui qui les reçoit ; cependant ,
indirectement, celui-ci contribuera souvent par ses impôts au
remboursement de la dette publique et, toujours , par ses achats, au
paiement des charges financières incorporées dans les prix. De toute
manière, la course des billets et des pièces, de portefeuilles en
portefeuilles et celle des chèques et des virements, de comptes en
comptes, trouve son origine dans un prêt initial ou la monétisation
d'un titre. Bien plus, ces fonds arriveront un jour ou l'autre dans les
mains de quelqu'un qui n'en a pas l'usage immédiat et les reprêtera à
son tour dans le cadre de son épargne. Statistiquement chaque euro est
ainsi reprêté quatre ou cinq fois ! Non seulement la création monétaire
a l'effet déstabilisant que l'on a indiqué mais encore la
généralisation du crédit et de l'émission de titres fait peser sur
l'économie des charges qui pourraient être allégées dans un système
monétaire différent.
Examinons dans le détail tous les
mécanismes importants du système financier , mécanismes tellement
subtils parfois que de bons experts peuvent diverger sur
l'interprétation à en donner . Il ne faut pas trop s'en étonner .
L'usage de la monnaie a une longue histoire : coquillages dans
certaines sociétés primitives , monnaies métalliques antiques , lettres
de change inventées par les génois et promues par les florentins ,
monnaies régionales et nationales, billets de banques et assignats,
chèques et cartes bancaires , comptes à vue , comptes d'épargne ... .
Les choses se sont complexifiées au fur et à mesure comme seule la vie
sait le faire . Il faut à notre tour nous saisir d'un scalpel comme le
firent il y a quelques siècles biologistes et physiologistes.
Qu'est-ce que la monnaie ?
Les autorités monétaires distinguent
, en matière de monnaie , plusieurs ensemble de plus en plus étendus
appelés “ agrégats monétaires “ et étiquetés de la
manière suivante :
M1 = Pièces, billets, dépôts à vue
(DAV )
M2 = M1 + comptes d'épargne à vue
(sous leurs diverses formes: livrets , CODEVI, ...)
M3 = M2 + titres d’ OPCVM monétaires
, avoirs en devises étrangères, placements à terme ,
titres de créances négociables émis par les établissements de crédits ,
...
M4 = M3 + titres de créances émis par
des agents non financiers .

Cet
assemblage gigogne un peu étonnant ( cf.
figures 1 et 2 )
donne lieu à des divergences d’interprétation. La compréhension des
différences , par exemple m2 = M2 - M1 = comptes d’épargne à vue ,
semble cependant assez simple . M1 est l’agrégat strictement monétaire
, c’est à dire qui permet de réaliser les échanges économiques. M2 - M1
= m2 est l’épargne immédiatement disponible pour l’épargnant selon son
seul bon vouloir. M3 - M2 = m3 n’est disponible qu’après une vente
préalable, qui suppose d’avoir trouvé un acheteur. M4 - M3 = m4 est de
même nature que m3 , la recherche de l’acheteur étant moins facile.

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Evoquons aussi les “agrégats
de placements” P1 , P2 et P3 qui sont construits de manière
analogue . P1 rassemble l’épargne contractuelle c’est à dire dont les
conditions de sortie sont régies par un contrat : plans d’épargne
logement, comptes espèces associés ; P2 rassemble les placements en
obligations et P3 les placements en actions.
Chacun
de ces agrégats, ainsi que leur ensemble, témoigne de richesse
économique. Cependant , même parmi les seuls agrégats monétaires , tout
n’est pas monnaie . Une créance n'est pas de la monnaie , mais un
compte d'épargne n'en serait-il pas ? Remarquons qu'un compte d'épargne
s'alimente par dépôt d'espèces ou par virement depuis un compte
courant. Il s'agit d'un mouvement dans M2 qui reste donc inchangé,
mais d'un mouvement de sortie de M1 qui diminue. M1
peut donc décroître sans que M2 ne varie. Sans nous étendre sur les
discussions entre experts, si on définit la monnaie comme signe
quantifié, reconnu comme contrepartie d'un échange de biens ou
services, autrement dit libérateur de dette, on conclut
qu'il n'y a de monnaie que dans M 1 . Toutes les réserves de valeurs ,
que ce soit sur un compte d'épargne, un compte de titres ou même en
devises étrangères ( sauf en tant que monnaie étrangère ) doivent être
d'abord converties en espèces ou en montant de compte courant pour
servir ensuite à un échange économique. Tous les ensembles M2 -M1 , M3
- M1 , etc. , sont vides de monnaie. Toute la monnaie est
dans M1 . ( On trouve une discussion détaillée sur ce sujet
dans "Une économie au service de l'homme " de Pierre Aunac Chapitre 7 .
Editions L'Harmattan 2000 ).
La compréhension de la nature de la
monnaie montre que celle-ci est centrée sur l'échange
: valeur d'estimation en vue d ' un échange éventuel , moyen d'échange
, réserve en vue d'échanges ultérieurs . On a ainsi les trois
caractères traditionnellement attachés à la monnaie :
- mesure de valeur
- moyen d'échange
- réserve de valeur
La monnaie comme placement n'aurait
aucun intérêt si elle n'avait essentiellement une valeur d'échange. En
tant que mesure on notera que si ma voiture c'est 3,20 mètres et 12000
€ , la longueur est réellement une mesure objective, la valeur
monétaire plutôt une estimation du montant d'une vente éventuelle. Elle
porte une part de subjectivité et d ' évolutivité . Il en est de même
de la fonction réserve de valeur.
La monnaie est tellement par nature
centrée sur l'échange que, derrière l ' échange monétisé , il y a
sous-jacent un reliquat de troc . La monnaie - un
symbole - n'est acceptée, dans un premier temps, contre un bien - réel
- que parce que , dans un second temps, elle sera acceptée contre un
autre bien réel qui reviendra à son détenteur . La monnaie est un
progrès qui facilite les échanges et les libère - au moins en partie -
des contraintes d'espace et de temps . Sans monnaie pas de marchés. La
monnaie suppose l'existence et le respect de règles sans lesquelles il
n'y aurait aucune économie marchande mais elle n'exclut pas totalement
une certaine violence du marché ( pressions entre acheteurs et vendeurs
, informations limitées ou faussées ) . Il n'y a aucune raison de
sacraliser la main du marché ; le marché, c'est la vie dans toute sa
complexité.
Est-ce que M1 existe depuis la nuit
des temps ? La monnaie existe en tout cas depuis très longtemps.
Autrefois on en fabriquait de temps en temps ; on n'en détruisait pas
volontairement. Aujourd'hui, M1 varie chaque jour ;
en général M1 croît. Les billets et pièces circulent : certains en
retirent aux guichets ou aux distributeurs des banques ; d'autres , les
commerçants en général, en déposent. Des sommes passent des comptes
courants de dépôts à vue ( DAV ) aux livrets d'épargne et inversement.
La monnaie ne se dépense pas : elle circule mais en certains points du
réseau où elle circule , sa quantité augmente ou au contraire diminue.
On injecte de la monnaie ou on en retire. Il nous faut regarder cela de
très près.
Les
variations de M1
:
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Plan
On croit souvent que
c'est l'Etat qui émet la monnaie . Si ceci a pu être vrai , ce
n'est plus le cas. Certes au XIV ième siècle, Jean II le Bon
- donc l'Etat français de l'époque - fit frapper les premiers francs en
or pour payer sa rançon. D'autres pouvoirs ( à commencer par celui de
Crésus avec ses mines d’or au VI ième siècle avant J.C. ) l'ont fait
avant lui et le feront après. La monnaie métallique eut longtemps une
valeur intrinsèque : la valeur de la quantité de métal nécessaire à sa
fabrication ; elle s'en est progressivement détachée pour en venir à
une valeur symbolique plus élevée que la valeur intrinsèque . Cette
évolution culmine dans les "billets de banque" qui n'ont plus aucune
valeur intrinsèque mais seulement une valeur symbolique et
conventionnelle.
Qui émet les billets ?
Hier , en France, la Banque de France (BdF) !
Aujourd’hui, dans la zone Euro, la Banque Centrale Européenne ( BCE )
qui intègre en quelque sorte les anciennes banques centrales nationales
. La BCE fournit aux populations concernées les billets qu ' elles
demandent aux guichets et aux distributeurs des banques de dépôt. A
condition bien sûr que les comptes courants soient approvisionnés au
préalable à un niveau suffisant et avec certaines contraintes pour les
banques de dépôts qui sont obligées d'acheter ces billets à la BCE pour
pouvoir les distribuer. C'est pourquoi il est décisif d'examiner le cas
des comptes courants ce que nous ferons après avoir examiné le cas un
peu particulier des pièces métalliques .
On pourrait penser que les pièces ne
sont que de menus billets et sont actuellement frappées par la BCE
après l’avoir été auparavant par la Banque de France . En fait rien ne
s'opposerait à ce qu'il en soit ainsi . Cependant pour des raisons
historiques très éclairantes , les pièces sont frappées par
les Etats qui les vendent maintenant à la BCE
à leur valeur nominale supérieure à leur valeur intrinsèque . Dans le
cas de l’Etat français , le montant correspondant est porté au compte
du Trésor Public tenu par la BCE. ( Le Trésor Public est l’
établissement financier de l’Etat qui , comme une banque, possède un
compte auprès de la BCE) . Ainsi, aujourd'hui encore, l'Etat bat
légalement monnaie mais pour des montants très faibles qui sont un peu
comme son argent de poche (de l'ordre de 1 % de M1 ).
En France, plus de 85 % de
M1 sont en comptes courants et circulent de comptes
en comptes. Il y a plusieurs façons d'alimenter un compte .
Par dépôts de billets ou pièces ; on a vu d'où ceux-ci proviennent .
Par virement depuis un autre compte ou par encaissement du chèque tiré
sur un autre compte. Par les mouvements induits par l'usage des cartes
bancaires. Mais tout ceci reste une circulation de monnaie dans M1. On
peut aussi sortir des fonds d'un livret d'épargne et les virer sur un
compte courant (DAV). En ce cas , M1 augmente de la somme en question .
Mais avant d'aller sur un compte d'épargne celle-ci avait d'abord été
dans M1 et ne fait que la réintégrer. On peut aussi alimenter un DAV
avec des devises étrangères que l'on vend à sa banque qui en devient
propriétaire, les porte donc à son actif et augmente votre compte du
montant correspondant en fonction du cours du change. M1 augmente donc
mais on remarquera qu'une autre économie nationale voit sa masse M1
diminuer d'autant ; au niveau international il n'y a pas augmentation. La
première source d'augmentation de M1 est en fait
constituée par le crédit. Quand
votre banquier vous accorde un prêt de 1000 € , il inscrit 1000 € sur
votre DAV mais ceux-ci ne préexistent pas; il ne les prend nulle part.
Selon les termes du prêt vous lui verserez donc régulièrement des
intérêts et, à l'échéance, rembourserez ce capital qu'il vient de créer
à votre intention. Dit aussi clairement, ceci peut choquer . La réalité
est en effet un peu plus complexe mais elle correspond en définitive à
ce schéma . Il nous faut donc expliciter le détail de l'opération.
La création monétaire par
crédit
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Plan
L'opération de création monétaire par
crédit est généralement présentée en terme comptable de la manière
suivante. La banque et vous-même établissez une créance (
reconnaissance formelle de dette : capital, intérêts , échéancier ) ;
cette créance est portée à l'actif du bilan de la banque . Face à cette
créance , au passif de la banque, on inscrit à votre DAV le montant du
capital . " Le crédit fait le dépôt " vous diront les professionnels.
"C'est aussi simple que cela" risquent-ils d'ajouter .
Pour qui n'est pas coutumier des
bilans comptables ce n'est pourtant pas aussi simple. Et pour qui en
est familier le risque existe d'ignorer les véritables et subtiles
réalités qui se cachent derrière des opérations traditionnelles. En
effet, il y a complexité pour plusieurs raisons que nous allons
examiner successivement : objet et mécanisme essentiel du bilan
comptable , la conjonction systématique mais discutable de la créance
et du dépôt , la question pratique des liquidités , celle réglementaire
des réserves obligatoires , le devenir des intérêts et du capital
récupérés par la banque en fonction de l'échéancier . Ceci nous
fournira des éléments nécessaires à la compréhension et à l'examen du
fonctionnement d'ensemble du système monétaire.
Notions
de base
On sait que le bilan
comptable d'une entreprise ( car une banque est aussi une entreprise )
est classiquement présenté en deux colonnes d'un égal montant : à
gauche l'actif, à droite le passif . Il constitue l'exposé du montant
et de la structure de ses avoirs à la fin d'un exercice , c'est à dire
en général après une année d'activité . En cours d'exercice
l'augmentation des avoirs ( les produits ) ou leur diminution ( les
charges ) viennent modifier la structure du futur bilan . La
comptabilité qui préside au suivi de ces états est une discipline
sophistiquée régie tant par des pratiques professionnelles évolutives
issues d'une histoire plusieurs fois séculaire que par l'exigence de la
législation applicable. Prendre un recul suffisant est sain pour en
saisir l'essentiel. Pour le non-initié la première caractéristique d'un
bilan est que les deux masses qui le constituent, les deux colonnes de
nombres en regard , à savoir, l'actif et le passif, sont toujours d'un
montant strictement égal. Voilà qui ne manque pas de surprendre compte
tenu des péripéties inévitables au cours de tout exercice .
Cette stricte égalité n'étonnera plus
quand on aura compris ce qui suit . Cherchons le total des avoirs non
pas d'une entreprise mais d'une personne physique quelconque :
Total des Avoirs = Ce
qu'elle possède + Ce qu'on lui doit - Ce qu'elle doit
(patrimoine) = (propriétés
) + (créances) -
(dettes)
Ceci s'écrit aussi bien :
patrimoine + dettes =
propriétés + créances
Appelons Actif le
total propriétés + créances et Passif le
total patrimoine + dettes .
On a bien de manière indiscutable et
constante l'égalité permanente et universelle
Actif = Passif
La transposition au cas d' une
entreprise, personne morale, ne change rien à l'affaire si ce n'est au
niveau de la définition du patrimoine. En effet, par le jeu d'une
cascade de titres de propriétés, les avoirs d'une entreprise tombent
toujours in fine dans le patrimoine de personnes physiques. Ce qui
tient lieu ici de patrimoine, ce sont les capitaux propres et
l'accumulation des bénéfices non distribués.
Quand en fin d'exercice les
propriétaires ont éventuellement prélevé une partie des bénéfices, il
reste au passif : les capitaux propres, les bénéfices non distribués et
les dettes ( emprunts et charges ). Les gestionnaires et comptables
font remarquer qu'il s'agit là des « ressources » de l'entreprise
tandis que l'actif correspond à l' « emploi » qui en est fait.
L'égalité entre l'actif et le passif
constitue donc une définition et en aucun cas une vérification de la
rigueur des comptes comme on serait spontanément porté à le croire. Qui
majorerait ses créances ou minorerait ses dettes ne détruirait
aucunement la stricte égalité de son bilan ; il verrait seulement
croître ses avoirs ( cf. figure 3
) .

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Faute d'avoir compris ce qui précède, on
pourrait s'étonner de l 'appellation traditionnelle de Passif pour l’
ensemble des dettes et du patrimoine . En réalité, la notion de bilan a
vu le jour dans le cadre de sociétés commerciales , lesquelles, comme
il a été dit, ne sont jamais propriétaires de leur patrimoine ;
celui-ci appartient aux propriétaires des sociétés en question et de ce
fait leur est dû. On trouve donc légitimement du côté du passif aussi
bien les capitaux propres et les bénéfices que les dettes réelles . Une
conséquence immédiate est que, dans le bilan d'une entreprise comme
dans celui d'un particulier, une diminution des dettes augmente ipso
facto le « patrimoine » c'est à dire en ce cas le bénéfice de
l'entreprise (
cf. figure
4 ). La monnaie
réelle courante étant aujourd'hui faite d'écritures comptables au sein
des banques, il convient donc de se pencher attentivement sur la nature
réelle et les conséquences de ces écritures.

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Le
crédit vu par le
bilan:
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Plan
Une
écriture quotidienne dans les banques de dépôts a trait à l'attribution
de crédits. Considérons un prêt de 1000 € accordé par la banque A à l '
agent économique ( individu ou entreprise ) X . Le banquier inscrit à
l'actif de son bilan une "créance de 1000 € sur X " et , dans le même
temps au passif, crédite le compte de X de 1000 €. X dispose ainsi de
la somme de 1000 € qu'il va pouvoir utiliser en tout ou partie . En
quelque sorte, le banquier lui doit 1000 € , ce qui justifie que le
compte de X soit inscrit au passif ( cf.
figures 5 et 6 ).
Nous verrons plus loin ce qu'il advient de l'équilibre du bilan quand
cette somme sort du compte de X . Pour l'instant concentrons-nous sur
cette seule opération d'attribution de prêt .
Premier constat : le banquier ne
prend cette somme nulle part ; il écrit et l'argent est créé ex nihilo
. Ceci surprend toujours le citoyen ordinaire . C'est cependant
totalement légal. C'est d'ailleurs de cela que le banquier vit. Les
1000 € vont lui rapporter des intérêts ; plus il prête , plus il est
satisfait . Bien sûr , ce serait trop simple de prêter sans aucune
mesure à quiconque ; encore faut-il que l'emprunteur soit capable de
rembourser intérêts et capital ! En outre, il y a la Banque Centrale
Européenne en charge de l'Euro ( comme il y a peu, la Banque de France
l'était du Franc ) . Nous verrons en quoi elle peut contrôler le
banquier.
Deuxième constat : créance et compte
de dépôt sont liés et se répondent. C'est ce point qu'il nous faut
éclairer en remontant à l'origine du métier de banquier .

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Eclairage historique
:
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Plan
On pourrait situer cette origine au début du deuxième millénaire . Il
n'y avait alors que la monnaie métallique , circulant par coffres et
bourses , et cible recherchée des voleurs et des brigands. L'utilité
des ancêtres de nos banques de dépôts était alors évidente . Un homme
fortuné avant de partir en voyage pouvait trouver prudent d’aller chez
un banquier y déposer tout ou partie de ses avoirs. Le banquier ,
moyennant rétribution, recueillait les fonds et les plaçait dans un
coffre au nom du déposant , à qui il pouvait remettre une
reconnaissance de dette en bonne et due forme. Notre banquier se
trouvait ainsi dépositaire de nombreux coffres qu'il pouvait d'ailleurs
sans inconvénients réunir en un seul - le sien - puisqu'il tenait
soigneusement des livres de comptes répertoriant ses clients et leurs
avoirs. Il s'agit là des dépôts. Les retraits ne posent aucun problème,
le banquier conservant sa rémunération légitime et généreuse.
Nos banquiers se sont donc enrichis et ont acquis la capacité de faire
des prêts sur leurs fonds personnels. Cette fois , c'est l'emprunteur
qui remet une reconnaissance de dette au banquier et s'en va avec de la
monnaie métallique prélevée bien entendu sur les avoirs personnels de
ce banquier et non sur les dépôts de ses clients - quoique la tentation
fût sûrement forte dès les origines.
En résumé, le banquier de ces époques primitives détient de la monnaie
métallique au nom de ses clients-déposants , sa propre monnaie
métallique et des créances sur ses clients-emprunteurs. , le tout
répertorié dans ses livres de compte. Remarquons que les créances
détenues correspondent à de la monnaie qu'il a remise et qui, un jour,
lui sera rendue avec les intérêts le rémunérant pour ces prêts . En
dehors de sa caisse personnelle, la monnaie détenue dans ses coffres
appartient aux déposants ; les livres de compte ne font qu'enregistrer
ces avoirs mais ne constituent pas en soi des avoirs .
La question des liquidités
:
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Plan
Le duo
actuel créance-dépôt peut être réexaminé à la lumière de ce qui
précède. L'emprunteur X joue successivement mais dans un même acte le
rôle de client-emprunteur et de client-déposant. Il est emprunteur de
1000 € ce qui autorise la banque A à porter la créance de 1000 € à son
actif. Il est aussi déposant de 1000 € et à ce titre le banquier lui
enregistre un avoir de 1000 € dans ses livres, plus précisément dans le
compte de dépôt à vue ouvert à son nom. Normalement, il doit donc y
avoir dans les caisses de la banque les 1000 € correspondants à savoir
,aujourd'hui, 1000 € en " billets de banque légaux " plutôt qu'en
monnaie métallique ( cf figure 7 ).
La vérité est qu'il n'y sont pas, ou du moins pas en totalité; le taux
de couverture, comme on dit, n'est pas de 100 % . Ceci aussi est
parfaitement légal.
Il est
en effet admis depuis longtemps - et vraisemblablement
pratiqué depuis bien plus longtemps encore - que
l'obligation du banquier recevant un dépôt n'est pas de le laisser
reposer dans ses coffres ; il peut s'en servir . Sa seule obligation
est de pouvoir rendre ce dépôt - en totalité ou en partie - dès que le
déposant le lui demande ( il s'agit d'un dépôt " à vue " , ce qui
pourrait vouloir dire que le déposant a le droit de voir son dépôt ! )
. En clair aujourd'hui , il doit pouvoir fournir des billets jusqu'à
concurrence de 1000 € dans l ' exemple pris. C'est cela la question
pratique des liquidités.
Comment le banquier fait-il face aux
demandes de liquidités ? Il doit acheter des billets et des pièces à la
Banque Centrale européenne ( cf.
figure 8 ). " Acheter " car la BCE répond à la demande (
elle fait fonctionner la fameuse planche à billets ) mais en se faisant
payer pour ce service . C'est ainsi que X pourra s'il le souhaite
retirer de sa banque 1000 € en liquide ( billets ) . Cependant
actuellement, en moyenne et en France, le détenteur d'un compte ne
retire que 15 % en billets soit 150 € . Vers 1950 , il en retirait 50 %
soit 500 € . Les banques font tout pour limiter la charge que
représentent pour elles les besoins en liquidités de leurs clients :
promotion des chèques puis de la carte bancaire et maintenant de la
carte Moneo pour la petite monnaie.
Comment éviter
les excès ?
La création monétaire par les banques
est source de revenus pour elles mais aussi génératrice d'inflation
dans le pays si elle est excessive. Pour freiner l ' activité de
création monétaire des banques, le coût de l'acquisition des liquidités
ne suffisant plus , le législateur a mis en place des dispositifs
supplémentaires. Le plus simple est l'attribution d'un quota de crédits
annuels à chaque banque, dispositif dit de l' « encadrement du crédit
». Ce moyen jugé trop contraignant - libéralisme oblige - a été
complètement abandonné.
Un autre moyen consiste à obliger les
banques à détenir de manière permanente des liquidités ( ou plus
exactement un compte de liquidités) à la Banque Centrale, liquidités
correspondant à un pourcentage déterminé du total des crédits
distribués ; ce sont les "réserves obligatoires" . Autrement dit le pouvoir de création
monétaire d'une banquedoit rester proportionnel à ses avoirs déposés en
Banque Centrale c'est à dire à des avoirs dont elle se prive de la
jouissance directe. Hélas , ce pourcentage non seulement
s'est réduit comme peau de chagrin ( il n'est plus que de 2 % de M2 -
équivalent à environ 4 % de M1 - alors qu'il atteignait encore les 20 %
de M1 pendant les Trente Glorieuses ). De plus , nouveauté récente, la
BCE rémunère les banques de dépôt pour ces réserves obligatoires , ce
que ne faisait pas la Banque de France .
En définitive,
- mis à part la crainte de perte par non remboursement ( cf. Figure 9 B
) - la seule contrainte technique à la création monétaire
par les banques de dépôt au moyen des crédits semble bien se limiter de
fait au coût pour ces banques de l'acquisition des liquidités . Nous
expliciterons ce coût d'acquisition des liquidités, mais notons déjà
qu'il s'agit davantage d'un manque à gagner ( prélèvement sur les
intérêts issus du crédit générant la demande de liquidités ) que d'une
charge réelle . Certes, les banques ne peuvent malgré tout mettre en
place sans limites les crédits et leurs flux d'intérêts car il leur
faut trouver des emprunteurs. Il ne reste donc que le consentement ou
la réticence de ceux-ci à s'endetter pour réguler la création
monétaire. C'est dire si celle-ci fluctue avec les humeurs de la
conjoncture économique et, qui plus est, en accentuant aussi bien
l'euphorie que la déprime . Encore heureux que l'ensemble des prêteurs
, plus vaste que l'ensemble des banquiers, n'ait pas encore pris
conscience que la masse des dettes engendrées par les crédits en cours
excède très largement ( environ 5 fois ) la masse monétaire existante
susceptible de les rembourser !

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Les intérêts vus par le bilan
:
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Plan
Un
prêteur qui ne verrait pas ses intérêts encaissés ni son capital
remboursé enregistrerait immédiatement des pertes par diminution de
l'actif de son bilan ( perte de créance). Il en est ainsi quand le
prêteur est une banque ( figure 9B).
Qu'en est-il dans le cas plus habituel d'un crédit remboursé
normalement à son terme ? Au passif de la banque le compte de
l'emprunteur - suffisamment approvisionné - est diminué du montant du
capital . Cette somme n ' est reversée nulle part ; elle retourne au
néant d'où elle avait surgi. A l'actif , la créance correspondante est
annulée . La banque , sur cette opération n'encaisse donc rien . Actif
et passif diminuent d'une quantité égale ; le bénéfice est nul . En
pratique ce crédit qui expire sera vite remplacé par un autre crédit à
un autre emprunteur car la banque retire un gain par la
perception des intérêts. A chaque échéance , le montant dû
est retiré du compte de l'emprunteur . Curieusement , cette somme
n'est, elle aussi, reversée nulle part . Quel est alors le bénéfice de
la banque ? Pour le saisir il faut revenir au principe de base du bilan
. Le retrait au compte du débiteur diminue la partie "dû" au passif de
la banque ; aucune autre opération ne vient modifier l'actif . De ce
fait les avoirs réels de la banque , ses réserves diront les comptables
- soit l'actif moins le "dû " inscrit au passif - s'en trouvent
augmentés d'autant.
Les schémas de la figure 9A
illustrent le propos qui précède .
Les comptes de dépôts à vue étant dans la partie "dû" côté passif , tout
prélèvement sur un compte par simple effacement est
un enrichissement de la banque . C'est le cas de la
perception des intérêts . Au contraire tout virement par
simple écriture comme par exemple le paiement des
salaires des employés est un appauvrissement.
L'attribution d'un prêt dans lequel la création monétaire au passif est
équilibrée par la créance inscrite à l'actif a un effet nul sur les
avoirs réels . Il en est ainsi , par des mouvements contraires , pour
son remboursement. De même l'acquisition d'un bien qui sera inscrit à
l'actif et donnera lieu à création monétaire sur un compte au passif ,
( c’est le cas du rachat de devises étrangères traité plus loin), est
formellement sans effet sur le résultat quoique les "propriétés" de la banque
puissent ainsi s’accroître considérablement.
On constate donc que pour une banque
comme pour toute entreprise, les salaires sont des charges, les
produits financiers des produits. Ils se traduisent donc respectivement
par un apauvrissement et un enrichissement. Ce qui est vraiment
étonnant dans le cas d'une banque c'est qu'elle peut payer les salaires
par soimple jeu d'écriture et pourrait ainsi échapper à tout risque de
cessation de paiement ( si ce n'est quelle a, comme on le sait, des
contraintes de liquidités). L'achat d'actifs est plus lourd de
conséquences: si l'achat d'un actif est neutre comptablement ce n'est
pas le cas financièrement et comptablement : le cas du Crédit Lyonnais
est là pour le rappeler ; à l'inverse des banques se sont ainsi
considérablement enrichies.
Les
autres créations monétaires
Nous l'avons dit : le crédit est la
première source de création monétaire. Pour autant ce n'est pas la
seule. Il a existé une création directe par les autorités monétaires;
il existe depuis toujours une création à partir de devises étrangères;
enfin on constate une augmentation croissante de la création monétaire
par achat de titres.
La
création directe.
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Historiquement, la monnaie est un phénomène social
qui n'est pas né du crédit. La monnaie du souverain a d'abord payé un
bien acheté ou un service rendu. Cette monnaie circulait ensuite
indéfiniment dans la société sans supporter de charges d'intérêt : nous
l'appellerons monnaie « permanente et gratuite ». Au contraire, le
crédit ne génère qu'une monnaie « temporaire et payante ». Peu à peu,
sous la pression du système bancaire – dont l'utilité reste par
ailleurs indiscutable – celle-ci a supplanté celle-là. Voici à ce sujet
quelques éléments d'histoire récente en France.
De la fin de la deuxième guerre mondiale au début
des années 70 , nos gouvernements successifs ont bénéficié du « Circuit
du Trésor ». Sans entrer dans le détail de ce mécanisme, - obligation
imposée aux banques d'acheter 25 % de leurs dépôts en Bons du Trésor -
ni dans celui des « Avances de la Banque de France au Trésor », on
constate que l'Etat disposait ainsi d'abondantes ressources
pratiquement gratuites et quasi-permanentes, complétant largement
celles provenant de l'impôt. ( Voir une explication détaillée dans
Pierre Aunac op. Cit. p.146 et sv.). Est-ce pur
hasard que cette période soit celle des Trente Glorieuses et que la
situation de l'emploi ait commencé à se dégrader au milieu des années
70, au moment où le système bancaire s'est dégagé de ces mécanismes ?
Le premier choc pétrolier de 1973 a souvent bon dos pour expliquer
l'envolée du chômage. Mais alors, comme le demande P. Aunac, ( op.
Cit. p. 148), pourquoi le second choc pétrolier de 1979
n'a-t-il en rien touché la courbe de son évolution ? Et l'auteur de
conclure son analyse très documentée par : « L'explosion du chômage à
partir de 1974 n'a rien à voir avec les chocs pétroliers ».
Ainsi la création directe de monnaie
, ou du moins son équivalent , n' a disparu en France qu'il y a une
trentaine d'années. Elle s'adapte sans difficultés à une économie
moderne; ce n'est qu'une question de volonté politique. Elle se coule
même tellement bien dans les méandres de la finance que certains
experts estiment que la FED, qui joue le rôle de banque centrale aux
USA, n'est pas sans utiliser aujourd'hui même de tels mécanismes ( Open
Market extensif ) et que ceci n'est pas étranger à la tonicité de
l'économie outre Atlantique. On concluera que, bien que ce type de
création monétaire soit actuellement prohibé en Euroland, il reste
techniquement possible. Notre thèse est qu'il est aussi économiquement
souhaitable.

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Les
achats de
devises
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Plan
Chacun
sait que toute banque de dépôt vend les devises nécessaires pour tel ou
tel voyage à l'étranger. De même, elle les rachète. Elle rachète aussi,
à plus vaste échelle, les devises reçues en paiement des exportations
des entreprises. Ces devises sont portées à l'actif de la banque ,
tandis qu'au passif le compte à vue du vendeur est approvisionné du
montant correspondant en Euros ( figure 9C ).
Il s'agit là d'une création monétaire par monétisation de devises. La
particularité des sommes ainsi crées est qu'elles sont « permanentes et
gratuites ». La vente de devises amène au contraire une destruction de
monnaie.
Une économie au commerce extérieur bénéficiaire
s'alimente donc automatiquement en monnaie sans avoir à s'endetter.
Mais n'est pas bénéficiaire qui veut ! Et l'opération suppose que les
devises aient été créees – le plus souvent par endettement – dans
l'économie voisine.
Le fameux Plan Marshall jouait astucieusement de ce
phénomène. Après la deuxième guerre, il permit aux pays victimes de
reconstruire leurs économies et aux USA d'éviter une grave crise lors
de la reconversion de leur industrie de guerre. Les dollars prêtés à
l'extérieur retournaient dans leur pays d'origine sous forme de devises
payant les marchandises achetées, alimentant tout à la fois les caisses
et l'activité américaines ! Nul ne saura jamais ce qui serait advenu si
les opposants au général Marshall et à son Plan l'avaient emporté, tant
les décisions monétaires peuvent être lourdes de conséquences. ( Aunac op.cit.
p.153 ).
Les achats de titres négociables.
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Les
entreprises et le Trésor émettent des titres négociables : titres à
court terme (TCN – titres de créance négociables)), obligations ,
actions . Le système bancaire qui les achète crée pour cela la monnaie
nécessaire exactement comme pour les crédits bancaires classiques (
voir Dominique Plihon « La monnaie et ses mécanismes » coll. Repères la
Découverte p.46 ) (Figure 9D).
Il s'agit là d'une évolution importante des vingt dernières années
puisque dans l'actif des banques les crédits à la clientèle qui étaient
de l'ordre de 85 % en 1980 ont été réduits a moins de 40 % en 2000 ,
tandis que la part des titres acquis par les banques s'élevait de 5 à s
de 50 % ( D. Plihon op.cit. p. 64 ) .
Symétriquement, au passif bancaire, la part des dépôts ( non rémunérés
) de la clientèle se réduit au profit de titres acquis par cette
clientèle et donc rémunérés : évolutions respectives de 70 à 30 % et de
6 à 50 % .
Le financement par recours aux marchés financiers
et non plus seulement par le crédit s'est tellement développé que les
autorités monétaires françaises ont défini un nouvel agrégat, l'
endettement intérieur total ( EIT) qui regroupe tous les financements
des agents non bancaires par voie d'endettement : crédits reçus du
système bancaire et titres émis sur les marchés monétaires et
obligataires. Les émissions d'actions ne sont pas comptabilisées car
elles ne correspondent pas formellement à un endettement mais à un
abandon de propriété. Il va sans dire que les actionnaires devant être
rémunérés, l'émission d'actions induit néanmoins, elle aussi, une
charge pour l'économie.
Entre 1990 et 1998 l'EIT est passé de 8185 à 11367
milliards de francs, soit une augmentation de 39 %, le PIB augmentant
dans le même temps de 31,7 %. Mais cette évolution globale cache une
révolution structurelle puisque la part des entreprises s'est accrue de
9,4 %, celle des ménages de 18,5 % et celle de l'Etat de 153 % soit de
1606 à 4069 MdFs ( Source : Banque de France d'après D. Plihon op.cit
p 62.). Comment s'étonner de l'endettement inéluctable
de l'Etat alors qu'il s'est vu interdire tout moyen de financement
direct depuis le début des années 70 ! Dans notre système monétaire
actuel dont la monnaie ne nait que de l'endettement ( à l'effet
d'excédent du commerce extérieur près) , il faut nécessairement que
quelqu'un porte la dette de la masse monétaire; or il n'y a que trois
candidats : les particuliers, les entreprises ou l'Etat. Qui vaut-il
mieux endetter ? Ne vaudrait-il pas mieux rediscuter de règles
arbitraires.
Le système monétaire
Le système monétaire national ( ou
zonal dans le cas de l'Euro ) est un ensemble à trois niveaux
(cf. figure
10 ). Au niveau
inférieur , le monde non-bancaire : vous, moi, les entreprises, les
ménages , les collectivités diverses , y compris les établissements
financiers non-bancaires c'est à dire qui n'ont pas le droit de
création monétaire , et enfin , c'est important , l ' Etat
( à l'exception de la monnaie divisionnaire - les pièces - signalée
ci-dessus) avec son établissement financier : le Trésor Public. Au
dessus : les banques de dépôts chez qui les agents économiques ont
leurs comptes, à l’exception d’ établissements financiers publics qui
ont directement leurs comptes à la Banque Centrale. Enfin couronnant le
tout , de manière unique et exclusive, cette Banque Centrale Européenne
chez qui les banques de dépôts ont chacune un compte et dont il faut
dire que les bénéfices reviennent aux Etats de la zone euro. Chaque
niveau joue son rôle et doit faire face à ses problèmes.
Le secteur
non-bancaire constitue le monde
économique dans son ensemble , y compris le secteur public (impôts et
dépenses publiques). Il produit et échange biens et services . La
monnaie est en quelque sorte le sang qui irrigue cet immense organisme
social ; plus cet organisme grandit , plus il s'active, plus il a
besoin de "sang " . C'est là son problème. Ce "sang" il le secrète au
sein même de son activité en s'engageant dans des crédits bancaires ou
émission de titres qu'il établit, honore et rembourse sans
discontinuité avec plus ou moins d'intensité selon la conjoncture. La
conjoncture n'est autre que la bonne santé ou l'anémie de ce corps
social .
Faisons deux remarques. Premièrement
, il existe des crédits internes au secteur non-bancaire. C'est même
une part importante des crédits en cours. Il s'agit d'épargne , c'est à
dire de monnaie acquise en pleine propriété par certains agents
économiques et reprêtée à d'autres, soit directement soit par
l'intermédiaire d'établissements financiers non bancaires. Elle est
payante pour les uns et source de profit pour les autres mais elle
n'augmente en rien la masse M1. Autrement dit, la monnaie
créée par une banque à l'occasion du crédit qu'elle accorde à un agent
non-bancaire passe ensuite du compte de celui-ci à celui d'un autre
agent qui arbitrera entre consommation ou placement , entièrement ou en
partie ; statistiquement un euro prêté par la banque l'est ensuite à
nouveau plusieurs fois au sein du système économique ( le rapport des
placements à terme et obligataires ( M3 - M2 + P1 + P2) à la masse
monétaire M1 est de l’ordre de quatre). Il n'en reste pas moins que
c'est là une circulation et une redistribution monétaires
( les intérêts vont des emprunteurs vers les prêteurs ) mais en aucun
cas une création comme au moment du prêt bancaire initial.
Deuxièmement , par certains aspects, les
banques participent elles aussi du secteur non-bancaire. Ce
sont des entreprises avec des locaux, du personnel, des charges, des
profits et des actionnaires à qui vont ces profits. Cependant
du point de vue qui nous intéresse ici, à savoir le fonctionnement du
système monétaire , une banque exerce un privilège légal
unique , celui de monétiser ses actifs . Dit autrement ,
quand elle porte une créance à son actif elle peut écrire le montant
correspondant en monnaie à son passif . Il en va de même quand elle
acquiert des devises, des titres et plus généralement un bien
quelconque , sous réserve que la réglementation en cours l'y autorise .
En effet sans limitations réglementaires - sans doute évolutives ? -
une banque peut s'offrir n'importe quel bien à la seule condition
d'établir un compte au nom de son vendeur et d'y inscrire la somme
qu'il réclame et à laquelle elle consent.
Le secteur
bancaire ( en tant que bancaire ) crée
la monnaie scripturale, gère sa circulation de comptes en comptes et en
assure la conversion en monnaie fiduciaire ( espèces ) sur demande du
secteur non-bancaire. Il se rémunère pour ce service essentiellement
sur les intérêts perçus dans le cadre des prêts créateurs de monnaie
scripturale et, désormais, sur le rendement des titres achetés
également créateurs de monnaie. Noter que les plus grands utilisateurs
du système bancaire ne sont donc pas nécessairement les plus gros
payeurs ; l'exemple le plus spectaculaire est celui de la grande
distribution qui génère d’importants flux de chèques et de facturations
carte-bleue ( une autre façon de mobiliser les comptes ) mais n’a que
très rarement besoin de solliciter un prêt !
La banque
centrale , actuellement la Banque
Centrale Européenne ( BCE), autrefois la Banque de France, tient les
comptes des banques . Ces comptes servent aux banques pour acheter les
pièces et billets qui leurs sont demandés par leurs clients et à
déplacer les fonds qu'elles se doivent éventuellement entre elles. On
peut se demander comment on peut acheter un billet ! Tout simplement
avec la monnaie présente sur le compte courant de la banque aus de la
BCE . Mais comment les banques approvisionnent-elles leurs comptes à la
BCE ? Il y a plusieurs façons de le faire . Un exemple très simple
consiste en la vente d'une certaine quantité de devises . Celles-ci
deviennent la propriété de la BCE qui, en échange, porte au compte de
la banque vendeuse la somme équivalente. Très généralement, les banques
cèdent une fraction de leurs actifs à la BCE , moyennant quoi celle-ci
approvisionne leurs comptes en conséquence. ( Remarque pratique : la
Banque de France, quand son activité subsiste, intervient désormais
pour le compte de la BCE ) .

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Comment
en définitive s ' organise et s'articule le fonctionnement des trois
niveaux ? Nous allons l ' examiner sur la base de deux exemples :
création de 1000 € par crédit et suivi du traitement d'un chèque.
Quand une banque accorde un
crédit de 1000 € pour une durée et à un taux convenus , elle
commence par provisionner le compte de l'emprunteur de 1000 € (cf. Figure 8
). Mais considérant que l'emprunteur
peut vouloir retirer tout ou partie de ce total en espèces , elle va
s'assurer qu' elle dispose d'une quantité d'espèces " appropriée" .
C'est précisément le rôle du banquier de prévoir quelle est la quantité
la mieux "appropriée " , un peu comme le boulanger doit de bon matin
prévoir la quantité de pain qu'il lui faut cuire pour satisfaire sa
clientèle de la journée. Vers 1950 , en France, le banquier aurait
prévu 500 € ( 50 % ) ; aujourd'hui , les chèques et les cartes
bancaires étant d'usage courant, il lui suffit de prévoir 150 € ( 15 %
) . Il commande donc 150 € en espèces à la BCE qui lui débite d'autant
son compte chez elle. Si ce compte n'est pas assez approvisionné ce qui
est le cas général car un banquier ne laisse pas d'argent dormir sur un
compte plus qu'il n'en faut , il vend une créance , disons d ' environ
155 € à la BCE ; on dit qu ' il se " refinance " .
Il y a plusieurs techniques de
refinancement. La mise en "pension" de titres, par exemple, revient
pour la banque à rétrocéder à la Banque Centrale les intérêts produits
par ces titres pendant la durée de
mise en pension; ils restent à l'actif de la banque mais génèrent au
passif une dette de cette banque à l'égard de la Banque Centrale .
Tous les refinancements coûtent à
la banque un petit pourcentage de la somme refinancée . Le
taux de refinancement fixé d'autorité par la BCE est un paramètre
essentiel à cet égard .
Le refinancement est donc un coût
pour le banquier . On notera que ce refinancement ne porte pas sur la
totalité du prêt mais uniquement sur une petite partie qui
historiquement et sous l'impulsion des techniques bancaires va en
s'amenuisant. Pour la banque, le refinancement réduit donc le rendement
du prêt initial en le ramenant de 1000 € à 1000 - 155 = 845 € , c'est à
dire au montant qui statistiquement reste effectivement en monnaie
scripturale . Ce manque à gagner résulte de l ' obligation pour la
banque d'assurer la liquidité des dépôts, c'est à dire leur
convertibilité en espèces . Cette convertibilité est assurée
statistiquement parlant en situation normale; elle ne le serait en
aucun cas totalement si une situation exceptionnelle poussait la
clientèle à des retraits exceptionnels . Le législateur a pensé à ce
scénario et , comme parade , a imposé aux banques des "réserves
obligatoires " ( RO ) sur leur compte à la banque centrale d'un montant
proportionnel à celui des dépôts de leur clientèle . La parade serait
totale si les RO étaient d'un montant égal à celui des dépôts . En
réalité les RO n'ont cessé de diminuer et sont actuellement de 2 % ,
soit - dans notre exemple - 850 x 0,02 = 17 € . On serait donc autorisé
à dire que le prêt initial de 1000 € est encore réduit d'autant et s
'établit à un prêt équivalent de 1000 - 155 - 17 = 828 €. .
(Remarque
: le taux de réserves obligatoires porte en réalité sur M2 mais ceci ne
change pas notre raisonnement.)
En résumé quand une banque crée une
quantité S de monnaie , sur la base de prêts acceptés par sa clientèle
, cette clientèle lui verse des intérêts en fonction du taux convenu et
du montant S . La banque de son côté doit assurer la convertibilité en
espèces et satisfaire à ses obligations réglementaires en matière de
Réserves Obligatoires. Ces deux obligations devraient donc la conduire
à rétrocéder actuellement à la banque centrale ( avec 15 % de besoin en
espèces ) de l ' ordre de 15 à 20 % des intérêts versés par la
clientèle . Ajoutons que le poids modeste des réserves obligatoires est
pratiquement annulé maintenant que les banques traitent avec la Banque
Centrale Européenne qui leur rémunère les réserves qu'elle leur demande
. On est donc en présence d’un reliquat de cette contrainte dû aux
différences de taux sur de faibles montants par rapport à la masse
monétaire totale.
Le
traitement d'un chèque est courant et banal . Il a l'avantage
de conduire à aborder à peu s tous les aspects du fonctionnement du
système. Considérons deux individus A et B , le premier ayant son
compte à la banque X, le second à la banque Y . Le premier A remet un
chèque de 100 € au second B. B remet le chèque à sa banque Y et Y porte
100 € sur le compte de B . Bien évidemment , Y informe X qui retire 100
€ du compte de A. On pourrait penser que tout est ainsi en
ordre . En effet les comptes de A et de B comptabilisent le
mouvement de 100 € du compte de A au compte de B. Les relations de A à
X et de B à Y n'en sont aucunement modifiées. Donc du point de vue de
la clientèle la gestion des comptes est terminée. Du point de vue des
deux banques, il n'en est rien . En effet , les deux contraintes de
convertibilité en espèces et de RO font que l'une comme l'autre doivent
réagir ! La banque X qui a moins de dépôts détient des liquidités et
des RO excédentaires. Elle est avantagée car sans aucune pénalité sur
ses crédits précédents elle peut en créer de supplémentaires qui
ramèneront des intérêts supplémentaires et ainsi seront source de
profits.. La banque Y au contraire va devoir augmenter liquidités et RO
; elle devrait donc se " refinancer " ce qui pour elle est un coût.
Cette situation est donc inacceptable pour Y; aussi Y présente le
chèque de son client à la banque X qui devra lui verser 100 €. Ce
versement se fait par virement du compte de la banque X au compte de la
banque Y, comptes tenus l'un et l 'autre, il va de soi, par la banque
des banques c'est à dire la banque centrale , la BCE.. Ainsi Y obtient
largement ( il lui suffirait de 17 € environ ) de quoi se refinancer et
par la même occasion met X en devoir de le faire ( cf. figure 11
).
Le traitement du chèque se passe donc
comme si ce chèque n'était que l'ordre donné par A à sa banque X de
transférer à Y la banque de B une somme de 100 € à prélever dans ses
coffres et de noter le mouvement dans ses livres de comptes. On dit que
la monnaie véhiculée par le chèque de A à B est de la monnaie
bancaire ; ce mouvement enregistré sur les comptes aussi bien
de A que de B dans leurs banques respectives n'est que le signe du
transfert correspondant de monnaie centrale ( celle
comptabilisée par la banque centrale , la seule vraie monnaie d’une
certaine façon ) entre les banques X et Y.
En
réalité , nous n'aurons jamais un seul chèque dans un seul sens . Il
s'en échange par milliers et dans tous les sens. C'est pourquoi les
transferts entre les comptes des banques à la banque centrale ne se
font qu'au niveau des soldes ( cf. figure 12 ).
Les banques qui se retrouvent en position de devoir se refinancer ont
nécessairement face à elles des banques qui ont des excédents et
s'empressent de les leur prêter , si du moins leur taux reste inférieur
à celui d'un refinancement direct aus de la banque centrale . Voilà
l'origine des opérations de compensation et sur le marché
interbancaire, opérations autrefois quotidiennes, aujourd'hui traitées
en permanence par des réseaux informatisés. ( Noter que ce marché
interbancaire a été ouvert maintenant à certains grands organismes
non-bancaires qui y trouvent des financements à des taux privilégiés
tout à fait inaccessibles aux P.M.E - P.M.I.)

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Sur la base de ce qui précède on peut
maintenant résumer le fonctionnement d'ensemble du système monétaire (
cf. figure
13 ). Tout se passe
comme s'il y avait deux circuits distincts avec toutefois une jonction
entre les deux . Le premier circuit concerne la circulation
monétaire dans le monde économique ( niveau inférieur ) .
Cette circulation est comptabilisée par les banques pour ce qui
concerne la monnaie scripturale et ce sont aussi les banques qui
assurent les flux en espèces provenant ou retournant vers l'autre
circuit . Le deuxième circuit ( niveau supérieur ) concerne la
circulation entre les banques . Cette circulation est gérée
par la banque centrale qui tient les comptes de toutes les banques. On
appelle monnaie bancaire la monnaie qui circule au niveau inférieur et
monnaie centrale celle qui circule au niveau supérieur . Il est
remarquable que les espèces circulent dans les deux circuits . Il
s'agit de monnaie centrale dont la convertibilité réciproque en monnaie
bancaire ne peut s'exercer qu'au sein du circuit bancaire . Cette
convertibilité n’est possible que statistiquement parlant . La
compagnie de transports aériens qui a constaté un désistement moyen de
10 % sur les places vendues , pour remplir ses avions , en vendra
presque 10 % de plus que celles dont elle dispose effectivement . Si
ses calculs sont justes, en général tout se passe bien et ce
“sur-booking” systématique passe inaperçu . Ainsi le banquier
n’acquiert que 15 % environ de monnaie centrale ( billets ) pour
assurer la convertibilité des comptes ( monnaie bancaire ) en billets .
Cependant , statistiquement en situation normale , tout se passe bien
et personne ne s’aperçoit de ce “sur-booking” ou plutôt “sous-booking”
bancaire !
Les banques sont donc bien au coeur
de la circulation d'ensemble . Le monde économique est demandeur de
monnaie ; pour répondre à cette demande , les banques créent la monnaie
bancaire par le crédit, l'achat de titres et de devises et se
fournissent en espèces aus de la BCE par refinancement ( vente
ou mise en pension d’actifs) . Celle-ci émet la
monnaie centrale nécessaire aux banques ( billets et comptes des
banques ; les pièces émises par l'Etat sont intégrées à ce circuit as
rachat par la BCE qui les crédite au compte du Trésor Public ) . En
principe, la BCE contrôle la circulation d'ensemble par le biais du
contrôle de ce refinancement . On rappelle que le refinancement des
banques aus de la BCE leur est nécessaire pour deux raisons : obtenir
des espèces , satisfaire à la réglementation des RO. Voyons maintenant
le détail de la régulation par la BCE.
Il y a au moins deux raisons
essentielles pour que le système soit régulé : favoriser l'activité
économique ( sans monnaie pas d'échanges si ce n'est par troc ) tout en
maîtrisant le risque d'inflation ( la monnaie doit conserver sa valeur
au cours du temps ) . A un moment donné, dans une société donnée, s'il
y a trop peu de monnaie , l'activité économique se ralentit et se
dégrade ; s'il y en a trop , c'est l'inflation, larvée ou explosive.
Piloter le système monétaire , c'est donc réguler la quantité de
monnaie . Nous n'entrerons pas dans la dispute théorique - qui n'est
pas sans conséquences pratiques - de savoir s'il faut réguler M1 , M2,
ou encore M3 .... . Pour nous, il ne fait pas de doute que c'est bien
la monnaie actionnant les échanges qu'il faut réguler ,c’est à dire M1,
même si cette régulation se révèle complexe par nature.
M1 est donc la monnaie en circulation
dans le monde économique réel : espèces utilisées et comptes de dépôt à
vue des agents économiques dans les banques. Bien sûr, dans la sphère
réelle il peut aussi y avoir des échanges d'éléments dans M2 , M3 ,
etc. .... cependant ces échanges ou bien relèvent du troc ou bien
engendrent des mouvements dans M1. En permanence , d'une part des prêts
viennent à échéance et sont remboursés, d'autre part de nouveaux prêts
sont mis en place. Ces mouvements destructeurs ( les premiers ) et
créateurs ( les seconds ) de monnaie entraînent des variations de M1.
La destruction est en partie réglée par les conditions des prêts
antérieurs , en partie seulement car il y a souvent des possibilités de
remboursements anticipés. La création dépend des demandes de prêts et
de la suite qui leur est donnée. L'attitude des agents économiques dans
leur ensemble est fonction des conditions du moment , c'est à dire de
la conjoncture . Celle-ci n'est pas un facteur de régulation , elle en
est plutôt le résultat. L'importance croissante de la création
monétaire par achat de titres et de destruction par leur vente
n'infirme aucunement cette analyse.
Les banques tirant un revenu des
prêts ont toujours intérêt à prêter au maximum. Le seul risque qu '
elles encourent c'est de prêter dans des conditions moins bonnes que ce
qu'elles auraient pu. Le non-remboursement en fait partie : la banque
ne gagne rien par le remboursement ( son profit est dans les intérêts
perçus ) mais elle perd s'il y a non-remboursement ( elle ne peut
démonétiser sa créance et n'enregistre qu'une perte d'actif - figure 9B), cette perte n'effaçant pas nécessairement tout
le gain lié aux intérêts. Les banques sont donc par nature poussées à
placer des crédits ( Le métier de banquier ne consiste-t-il pas à
maximiser les rentrées d'intérêts en optimisant la gestion du risque de
non-remboursement ). Elles ne sont pas facteur de
régulation. Les achats de titres également rémunérateurs pour les
banques ne les incitent pas davantage à la modération.
Le cas de l'épargne rémunérée placée
en banque mérite d'être regardé. En effet cette épargne voulue par un
client et acceptée par sa banque s'analyse en premier lieu comme une
diminution de M1. Cependant, toutes choses égales par ailleurs, cette
action d'épargne apporte un allégement aux besoins en liquidités de la
banque ( elle a plus de monnaie centrale disponible ). La banque
soucieuse d ' employer au mieux ses liquidités va chercher à recréer la
même quantité de monnaie en accordant le crédit correspondant dès qu'elle peut le faire sans augmenter son
risque de non-remboursement. L'épargne financière n'est
donc pas en elle-même un paramètre de régulation , ni pour la banque ni
pour la sphère réelle . Ce serait plutôt une quantité à réguler .
Reste la banque centrale , la BCE,
qui au titre de l'intérêt général est chargée de la monnaie . Encore
faut-il qu'elle choisisse la bonne quantité monétaire à régler .
Généralement , pour des raisons qui ne nous sont pas évidentes, elle
s'intéresse à un agrégat monétaire s'étendant au delà de M1 ( en
pratique M3, à la signification problèmatique mais moins volatil que M1
; est-ce une question d'opportunité statistique ? ). Supposons que ,
comme nous le souhaiterions, elle s'en tienne à la monnaie d'échange,
c'est à dire à M1 et qu ' elle ait été capable de savoir s'il y a trop
ou pas assez de monnaie . Elle dispose pour infléchir la situation de
deux paramètres : le taux de refinancement
et le taux de réserves obligatoires
. Le taux de refinancement demandé aux banques pour obtenir leurs
espèces, et plus généralement de la monnaie centrale, facilite la
création monétaire quand il diminue ; au contraire , il la modère quand
il augmente . Les réserves en monnaie centrale exigées en quantité
proportionnelle au montant des dépôts à vue ( plus exactement à M2 ,
grosso modo double de M1) sont une autre charge également modulable. Si
la fraction des nouveaux crédits communément convertie en espèces est b
et si le taux de réserve obligatoire en monnaie centrale par rapport à
ces nouveaux crédits est r , on montre ( La monnaie dévoilée, op.
cit. , p. 31 ) que la monnaie centrale Mc et le montant des
crédits monétisables C sont liés par la relation
C = K( b , r ) . Mc
avec K( b , r ) = [ 1 - ( 1 - r )( 1 - b ) ] - 1
Avec les valeurs pratiquées
actuellement en France, ( b = 0,15 et r = 0,04 relativement à M1 ) la
valeur de K s'approche de 6 . Ceci signifie que, pour placer un crédit
de 6 € , une banque française doit refinancer 1 € . On peut identifier
deux cas limites. Si le taux de réserve était de 100 % ( r = 1 ) ou si
les chèques et autres cartes bleues n’existaient pas ( b = 1 ) , alors
K = 1 . Pour placer 1 € , une banque devrait refinancer 1 € , autrement
dit, toute la monnaie se trouverait émise par la Banque Centrale.
Dans la situation réelle actuelle ,
l’augmentation du taux de réserves obligatoires induirait un refinancement
supplémentaire donc théoriquement un coût supplémentaire pour les
banques ; théoriquement puisque d'une part, jusqu'ici, la BCE ne
modifie jamais le taux de rése'rves obligatoires , d'autre part ces
réserves sont désormais rémunérées (à
un taux un peu inférieur , il est vrai , au taux de refinancement ). La dimunition du taux de
réserves aurait évidemment
l'effet contraire .
En résumé, le taux de
réserves conditionne la quantité de
monnaie centrale à “refinancer” ( on peut traduire par acheter) par une
banque qui veut accorder un crédit d’un montant donné , tandis pour le taux
de refinancement fixe le coût unitaire de
cet achat qui, rappelons-le, doit être payé en cession d’ éléments
d’actif.
Oublions le “ circuit du Trésor “ ,
les « avances au Trésor Public » et l' « encadrement du crédit » dont
on a déjà dit qu'ils n'avaient plus cours depuis plusieurs décennies.
Il ne reste donc aujourd'hui que deux commandes : le taux
de refinancement et le niveau
des réserves obligatoires . Ces paramètres ont-ils
des effets satisfaisants , ou bien au contraire le système
fonctionne-t-il au gré de la conjoncture ?
Les limites du système
La compréhension de ses
défauts.
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Plan
Le taux de refinancement ( plus
exactement les taux de refinancement , car il y a en réalité une
fourchette de taux ) a , en cascade , une incidence sur les taux
pratiqués dans tout le reste de la sphère financière et économique.
Résultat : en le modifiant la BCE influence comme souhaité la demande
de crédits , mais aussi la demande d'épargne , les taux de change (
entre euro et dollar notamment ) et en conséquence le mouvement des
capitaux ! Inutile de dire que l'effet sur l'économie ( car si on vise
M1 c'est bien pour agir sur l'économie ) devient problématique et
risque souvent de s'avérer finalement négatif. C'est un peu comme si,
pour intervenir sur le coeur, on devait accepter de toucher en même
temps aux poumons et à l’estomac... Et quand tout va mal , quelque soit
l’attractivité des taux, il ne reste pas grand monde pour s'endetter .
Au contraire, si tout va bien , les banques voient affluer des clients
dont les taux ne sont pas le souci premier et ce ne sont pas elles qui
vont les freiner . Le moins que l’on puisse dire, c’est que le système
n'est pas intrinsèquement stable .
Les réserves obligatoires sont , on
l’a vu, en relation directe avec le potentiel de création monétaire des
banques . C'est donc une arme très efficace pour freiner cette création
quand on les augmente . Au contraire , quand elles sont déjà très
faibles ( 2 % ) et, qui plus est , rémunérées comme c'est le cas
actuellement , les supprimer totalement ne change pas grand chose et ne
constituera pas une relance de la création monétaire . Les réserves
obligatoires gardent encore un pouvoir de freinage ( en les augmentant
) mais aucun pouvoir d ' accélération (elles sont déjà tellement
faibles... ) .
En outre et quoi qu ' on fasse , la
masse monétaire M1 a tendance à fluctuer . En effet , chaque jour il y
a continuellement création et destruction de monnaie ; M1 est la
différence aléatoire de deux quantités elles-mêmes aléatoires . M1
n'est donc connu en réalité qu'avec une certaine imprécision et surtout
avec un retard significatif , le temps - quelques mois - de procéder à
l'analyse des statistiques. Il y aurait sûrement à moderniser cette
mesure qui , bien que fondamentale pour la conduite de l'économie,
reste encore un sujet mineur pour la communauté des économistes.
En conclusion , la BCE n'arrive guère
à relancer l'économie quand il le faudrait ; elle a plus de succès
quand il faut la freiner . Il ne faut pas s'en étonner ; les
insuffisances du système monétaire en sont en grande partie la cause .
Ce système est devenu ingouvernable par la banque centrale ; comment le
serait-il par les banques commerciales uniques créatrices de monnaie ,
chargées des intérêts de leurs actionnaires et exposées aux vents
changeants de la conjoncture ?
Peut-on
reprendre les commandes
?
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Plan
La technique monétaire a prouvé
depuis des siècles qu ' elle savait faire preuve d'inventivité . Elle a
imposé au cours du temps une certaine confusion entre les comptes et ce
que l'on compte. Elle a généralisé la monnaie bancaire engendrée par
les crédits créateurs de monnaie et donc , par définition , monnaie
temporaire et payante . Elle intensifie aujourd'hui la
création monétaire par achat de titres qui endettent inexorablement le
secteur non-bancaire et notamment les Etats. Le système fonctionne mais
au gré, semble-t-il, d'intérêts multiples et opposés sans souci affirmé
des effets sur la société dans son ensemble et notamment sur les
couches éloignées de tout pouvoir .
On constate qu ' une richesse jamais
atteinte va de pair avec cette situation . Cependant qu' elle en est le
prix ? Souffrances et exclusion d'une partie des populations ,
écartèlement progressif de ces populations en deux secteurs : l'un où
on travaille , parfois très péniblement , en récoltant une récompense ,
fût-elle modeste ; l ' autre où il n'y a plus de travail , où on n'en
cherche pas car il ne vous tirerait pas d'affaire , où vous êtes et
resterez pauvre , ignorant et insatisfait tandis qu’une minorité
accumule une part notable de la production collective.
Cela fait penser aux épidémies et aux
famines qui jadis avaient le mérite de favoriser la sélection naturelle
. Pour naturelles qu ' elles soient, les peuples civilisés les ont
heureusement combattues et en sont venus à bout . Les crises
économiques cycliques sont également naturelles . Ce n'est pas une
raison suffisante pour ne pas les combattre intelligemment .
Pour réguler et sécuriser l'activité
économique , il faudrait pouvoir injecter ou retirer de la monnaie en
temps voulu, aux endroits appropriés et en quantité adéquate . Pour
cela bien des solutions sont techniquement envisageables (voir par
exemple , La monnaie dévoilée , page 156 et suivantes ) . Que l'Etat
prenne - ou reprenne - en main la maîtrise de la création monétaire ,
et l'exerce en garant de l 'intérêt général par le Trésor Public ou la
banque centrale ne devrait heurter personne.
Pourquoi le secteur bancaire
serait-il la seule source de monnaie ? La planche à billets, qui fait
si peur, fonctionne chaque jour sous son impulsion . Ne pourrait-elle
aussi être actionnée par la banque centrale, selon des modalités à
définir mais facilement définissables, en contrepartie de la richesse
nationale produite . Autrefois le souverain battait monnaie pour payer
ses troupes, ses maçons , ses architectes et parfois sa rançon . Il ne
plaçait pas un crédit ; il reconnaissait une dette . Et cette
reconnaissance de dette, venant du souverain, était crédible pour tous
et donc échangeable comme doit l'être toute monnaie . Ce n'est que sous
l'emprise des prêteurs que la monnaie provient aujourd'hui d'un crédit
ou, plus généralement, de l'endettement. Elle est , d'abord et par
essence , la reconnaissance qu'un bien a été livré ou un service rendu
et l’engagement qu’un autre bien ou service équivalent sera accessible
contre la remise de cette monnaie. Dans cette perspective ,
collectivement, les acteurs de l'économie en tant que producteurs de
biens et de services devraient en recevoir en échange de leur activité,
sans supporter les charges d'emprunt . D'une monnaie d'endettement ,
temporaire et payante , favorisant les possédants et pesant sur les
pauvres , nous devrions évoluer vers une monnaie permanente
et gratuite., destinée à son rôle fondamental : le soutien
des échanges économiques. Nos états démocratiques ne sont-ils pas les
héritiers des anciens souverains ; qui d'autres qu'eux serait assez
crédible pour organiser une telle reconquête ? Et si l'inflation est à
proscrire , pourquoi seraient-ils a priori incapables de la maîtriser ?
La question ,semble-t-il , n'est donc
pas de savoir si l'Etat doit intervenir ; elle est plutôt de savoir si
cet Etat doit reprendre toute l'émission monétaire , sous la forme de
monnaie centrale permanente et gratuite, ou seulement une fraction de
cette création et laquelle. Les crédits internes à l'économie entre
emprunteurs et prêteurs continueraient d'avoir cours car ils ressortent
de l'utilisation de la monnaie et non de sa création. La rémunération
des banques automatiquement diminuée devrait, si besoin, être assurée
par d'autres voies , essentiellement la rémunération des services
effectivement rendus. Si, dans un premier temps, les gains des prêteurs
s'en trouvaient quelque peu réduits, serait-ce vraiment dommageable si
cela soutient durablement l’économie, c’est à dire dynamise l ‘emploi
et, à terme, nous ramène sur le chemin d'une prospérité stable, sereine
et partagée.
Le système monétaire en vigueur non
seulement en France mais dans le monde entier fonctionne sur des bases
mal connues en dehors des milieux des banques centrales et de quelques
initiés des banques de dépôts et de l' Université. Ses évolutions ,
dont certaines sont récentes, ont fait que toutes nos économies ne
fonctionnent qu ' avec de la monnaie d'endettement , c'est à dire
chargée d'intérêts et à durée généralement limitée . La quantité de
monnaie en circulation est créée ex nihilo et résulte en premier lieu
du montant des crédits bancaires en cours et des titres monétarisés,
secondairement des réserves en devises étrangères. Or si celles-ci
résultent de la bonne santé d'une économie, ceux-là (crédits et titres
monétarisés) fluctuent au gré des appétits des banques et du bon
vouloir des emprunteurs , c'est à dire le plus souvent en amplifiant
les mouvements de l'économie. On emprunte quand tout va bien , on
s'abstient quand tout va mal . La régulation par la banque centrale ,
la Banque Centrale Européenne en ce qui concerne l'euro , ne se fait en
pratique que par les variations du taux de refinancement qui
conditionne le manque à gagner des banques pour la fourniture des
espèces . Mais si cela peut réduire le montant de crédits qui serait
excessif, on ne peut facilement de cette manière multiplier le nombre
des candidats emprunteurs . En clair, la banque centrale conserve un
petit frein mais n'a pas d'accélérateur . Quand il y a crise , il ne
nous reste plus qu'à attendre le retour de la croissance . Nous
avançons ainsi au gré de la conjoncture au travers de cycles de plus en
plus destructeurs de la cohésion sociale .
L ' incidence croissante des
problèmes économiques sur la société ne doit pas étonner . En France ,
et plus encore dans le monde probablement , le degré d’ autarcie des
populations s'amenuise . Nous vivons tous des échanges qu'autorise la
circulation monétaire . Ce n'était pas le cas il y a seulement un
demi-siècle quand les ruraux représentaient encore s de la moitié de la
population française. Des dérèglements monétaires autrefois ignorés de
l'économie ne peuvent plus l'être aujourd'hui étant donné l'importance
de leurs conséquences. De plus, toutes les économies mondiales sont
devenues interdépendantes .
Les problèmes monétaires qui ont été
abordés l’ont été uniquement dans le cadre d'une monnaie spécifique
relevant d'une banque centrale particulière ; ils devraient bien
entendu l'être aussi au niveau international . Il n'en reste pas moins
vrai que le principe énoncé d'une monnaie créée directement et, sans
inconvénient, gratuitement par les Etats en fonction des besoins de
leur économie et non pas créée par les banques commerciales au prix de
lourdes charges pour cette économie , semble un chemin à retrouver pour
juguler les crises économiques à répétition et leur cortège de malheurs
.
En tout cas, il y a urgence à
réinventer un système monétaire gouvernable adapté à notre temps . En
prendrons-nous collectivement conscience , à commencer par nos
dirigeants , avant que des désordres en tout genre ne brisent à
l’aveuglette l’asservissement monétaire en place et, dans le même
temps, nos sociétés ?
J.J.
.
LISTE
DES
FIGURES
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Plan
Figure
1 La
monnaie = M1
Figure 2. Les composantes de M1
Figure 3. Le bilan : une égalité énigmatique
Figure 4. Schéma
du bilan d'une société
Figure
5. Bilan
schématisé d'une banque
Figure
6. La
Création de 1000 € par crédit : présentation classique
Figure 7. La
Création de 1000 € par crédit : présentation détaillée
Figure
8. Refinancement
d'un crédit de 100 €
Figure 9A Monétisations
et démonétisations courantes en banque
Figure
9B Pertes
par dépréciation d'actif
Figure
9C Monétisation
de devises
Figure
9D Monétisation
de titres négociables
Figure
10. Les
trois niveaux du système bancaire
Figure 11 Traitement de principe ( hors compensation ) d'un
chèque de 100 €
Figure 12 Compensation et marché interbancaire a monnaie
Figure 13. Les
deux circuits ( liés et imbriqués ) du système bancaire
Suite
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Merci
pour votre lecture – Réfléchissons ensemble.
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